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Page:Luzel - Veillées bretonnes, Mauger, 1879.djvu/144

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encore à naître, et ordinairement sans le savoir. Le marché se conclut sous cette forme, par exemple : — Donne-moi, dit le malin esprit, ce que ta femme porte en ce moment, et je te ferai riche à souhait. — Le pauvre homme (car c’est presque toujours un pauvre malheureux comme moi), qui, en sortant de chez lui, a envoyé sa femme porter un sac de blé au moulin, ou chercher du bois mort au bois, est convaincu qu’elle porte sur son dos un sac de blé ou un faix de bois et promet facilement. Hélas ! sa femme est enceinte et c’est l’enfant qu’elle porte dans son sein qu’il a vendu au diable ! Heureusement que, comme dans le conte de Gorvel, un saint ermite se trouve toujours à point pour retirer l’âme des griffes de Satan, au moment où il s’apprête à l’emporter.

La fin du conte de Gorvel, à partir de l’enlèvement de Mabik par le géant Pharaüs, je l’ai également entendue, mais pas dans le même conte ; cela forme un conte à part.

— C’est vrai, dit Francès ; cet épisode appartient à un autre type, celui du magicien trompé par son valet, qui lui enlève sa fille et lui dérobe le secret de sa science ; ou bien encore au type du corps sans âme, dont il y a plusieurs versions, comme de l’autre. Gorvel a, sans doute, cru augmenter l’intérêt de son récit, en y ajoutant, de sa propre autorité, cet épisode, qui lui est étranger.

— Je l’ai entendu conter ainsi par mon père