Page:Luzel - Veillées bretonnes, Mauger, 1879.djvu/161

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— Oui, sûrement, monseigneur, mais vous serez fort mal ici : ma femme est dans son lit, près d’accoucher, et je n’ai ni nourriture ni lit à vous offrir, à moins que vous ne vouliez manger de notre pain d’orge et coucher sur le grenier.

— Que cela ne vous tourmente pas, je me contenterai de ce qu’il y aura.

La femme du charbonnier accoucha dans la nuit, et elle donna le jour à un gros garçon. C’était leur neuvième enfant. — Au matin, quand le prince descendit de dessus le grenier, couvert de brins de paille et de toiles d’araignées, il demanda à voir la mère, et il la trouva couchée sur de la paille, au bas de la hutte.

— Ah ! mon Dieu, ma pauvre femme, s’écria-t-il, cela fait pitié de vous voir en cet état !

Et il donna de l’argent au charbonnier, pour aller acheter du pain blanc, de la viande, du vin et tout ce dont on avait un besoin pressant ; et pendant ce temps, il resta, seul, près de la femme.

— Je serai le parrain de votre enfant, lui dit-il ; avez-vous une marraine ?

— Non, sûrement, monseigneur ; c’est notre neuvième enfant, et, comme nous sommes pauvres, nous avons bien de la peine à trouver des parrains et des marraines pour nos enfants.

— Je vous trouverai aussi une marraine, et le baptême aura lieu dans trois jours.

Le vieux charbonnier revint, chargé de provisions. Il conduisit alors son hôte hors du