Page:Luzel - Veillées bretonnes, Mauger, 1879.djvu/162

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

bois, le remit sur la bonne route, et, avant de se séparer, le prince lui donna tout l’argent qu’il avait sur soi.

Trois jours après, eut lieu le baptême, et jamais on n’avait vu pareille fête, au petit bourg du charbonnier. La marquise de Rozambo fut la marraine. L’enfant fut nommé Louis. Le parrain et la marraine distribuèrent de l’argent à profusion aux mendiants du pays, qui se trouvèrent tous là, et ils n’oublièrent pas le père de leur filleul, vous pouvez bien le penser. Le prince recommanda au charbonnier d’envoyer son fils à l’école, quand il serait en âge d’y aller, et il lui remit une lettre que son filleul devait lui rapporter lui-même, dans son palais, quand il pourrait la lire. Puis ils partirent.

Le vieux charbonnier et sa femme étaient riches, à présent, et ils firent bâtir une belle maison, au milieu de la forêt, en face de leur pauvre hutte, qu’ils conservèrent, pourtant en souvenir de leur temps de misère.

L’enfant venait à merveille. On l’envoya à l’école, quand il eut l’âge d’y aller, et il apprenait tout ce qu’il voulait. Bientôt il put lire la lettre laissée à son père par son parrain, et il vit alors que celui-ci était le roi de France lui-même et qu’il lui disait d’aller le voir, dans son palais. Son père lui acheta un beau cheval, pour aller à Paris, et lui recommanda, avant de se mettre en route, de ne voyager ni avec un bossu, ni avec un boiteux, ni avec un