Page:Luzel - Veillées bretonnes, Mauger, 1879.djvu/163

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Cacous[1] Il partit, content et joyeux. Mais, il n’était pas loin encore quand il rencontra un bossu.

— Où vas-tu ainsi, Petit-Louis, filleul du fils du roi de France ? lui demanda le bossu. (On l’avait surnommé Petit-Louis, à cause de sa petite taille.)

— Je vais voir mon parrain.

— Je veux aller avec toi aussi.

— Non, non ! ne me suis pas !

— Si, si ! j’irai avec toi.

Et le bossu sauta lestement sur la croupe du cheval. Comme Petit-Louis ne pouvait se débarrasser de lui, il retourna à la maison, et conta l’aventure à son père.

Deux jours après, il se remit en route, et il rencontra un boiteux.

— Où vas-tu ainsi, Petit-Louis, filleul du fils du roi de France ? lui demanda le boiteux.

— Voir mon parrain.

— Je veux aller avec toi aussi.

— Non, certainement, tu ne viendras pas. Et il mit son cheval au galop : mais, il avait beau faire, le boiteux était toujours à la tête du cheval. Ne pouvant s’en débarrasser, Petit-Louis retourna encore à la maison.

  1. Les Cacous ou Caqueux étaient des espèces de parias, d’individus hors de la société et qui exerçaient ordinairement, en Bretagne, le métier de cordiers. On les confond assez souvent avec les lépreux, bien que je les croie tout différents, au moins à l’origine. Le mot breton qui signifie lépreux est laour et la lèpre se dit : al laournès, ou encore lorgnès.