Page:Luzel - Veillées bretonnes, Mauger, 1879.djvu/19

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— C’est bien, dit le prêtre. Je vais dire ma messe, vous la servirez, et quand le moment sera arrivé de communier, vous vous présenterez à la sainte table.

Ils sortirent du confessionnal. Le prêtre entra à la sacristie, pour s’habiller, et Pasquiou alla l’attendre à genoux sur les marches de l’autel. Les cierges s’allumèrent, l’église se remplit de monde, mais le silence le plus absolu y régnait. — Le prêtre revint, portant le calice et revêtu de la chasuble et de l’étole. Il monta à l’autel et la messe commença. Pasquiou prit un livre et répondit sans encombre. Tout allait bien. Le prêtre consacra l’hostie et donna à communier au pénitent. Alors seulement, celui-ci s’aperçut que l’officiant n’avait ni chair ni peau sur ses mains, que ses orbites étaient vides, ses dents déchaussées dans leurs alvéoles, — en un mot, qu’il avait affaire à un mort ! Il n’eut pas trop de frayeur cependant et continua de servir la messe. Quand tout fut terminé, et que l’Ite missa est eut été prononcé, le prêtre vint à Pasquiou et lui dit : — « Vous m’avez rendu le plus grand service qu’il fût au pouvoir d’un homme de me rendre. Depuis cent ans, je viens ici toutes les nuits pour célébrer la sainte messe, sans jamais trouver personne pour me la servir, et j’aurais continué ainsi éternellement, jusqu’à ce que j’eusse trouvé un chrétien, un vivant, pour me servir la messe et communier de ma main ! Dès ce moment, je rentre en grâce