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Page:Luzel - Veillées bretonnes, Mauger, 1879.djvu/20

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près de Dieu, moi et tous ceux qui ont assisté à cette messe, et ils sont nombreux. Soyez béni, et puissions-nous nous revoir un jour, au paradis ! — »

Ayant ainsi parlé, il rentra à la sacristie. Les assistants qui remplissaient l’église disparurent aussi, les cierges s’éteignirent, et Pasquiou resta seul au pied de l’autel, confondu, étourdi et ne pouvant penser à rien. Il regagna machinalement le confessionnal, s’assit sur les marches, et, peu à peu, il sortit de cet engourdissement moral et physique et se mit à songer combien ce qui venait de lui arriver était étrange et surnaturel. — Il n’en fut cependant pas trop effrayé, pour le moment, et la pensée qu’il avait délivré tant de pauvres âmes en peine le consola, le rassura, et lui donna assez de force et de courage pour attendre le jour.

Quand le sacristain vint sonner l’Angélus et ouvrir les portes de l’église, le lendemain matin, il fut bien surpris d’y trouver un homme. Il crut d’abord que c’était un voleur ; mais Pasquiou se fit reconnaître et lui expliqua dans quelle intention il avait voulu passer la nuit dans l’église.

Quand j’arrivai au bourg, vers huit heures du matin, il vint à moi, pâle, triste, l’air un peu égaré, et me raconta ce qui lui était arrivé. Je lui conseillai d’aller immédiatement trouver le curé, de l’informer de tout et de lui demander conseil ; ce qu’il fit, sur-le-champ. —