Page:Luzel - Veillées bretonnes, Mauger, 1879.djvu/203

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moins, chez mon père. Je restai chez ma tante jusqu’à sa mort. J’avais alors seize ans. Je n’ai jamais été paresseuse, et j’étais capable de gagner ma vie. Je crois la voir encore, la pauvre femme, qui taillait des pommes de terre pour semer, lorsqu’elle tomba malade subitement et m’appela pour l’aider à se coucher. Sa maladie ne fut pas longue ; elle mourut au bout de quinze jours. Alors, je retournai chez mon père, à Plouaret. Je n’y restai pas longtemps sans trouver une place, comme servante. J’allai servir chez Laz-Goaz, au village de Barlantec.

Il y avait près de trois ans que j’y étais, lorsqu’une nuit que nous étions tous couchés, nous entendîmes quelque bruit dans la maison. On crut d’abord que c’étaient le chien et le chat qui se faisaient la guerre, pour quelqu’os à ronger. Mais le bruit allait croissant, et devint bientôt alarmant. Les chaises, les escabeaux, étaient lancés violemment d’un bout à l’autre de la maison ; les marmites, les chaudrons, les casseroles, tout était en mouvement ; les meubles tremblaient et menaçaient de tomber ; enfin, c’était un vacarme de tous les diables ; c’était effrayant ! Nous mourions de peur, dans nos lits, et respirions à peine. Enfin, Laz Goaz dit : — Prions pour la dernière sortie de la maison, et que nous avons conduite en pleurant au cimetière de la paroisse !

La fille de la maison, âgée de dix-huit à vingt ans, était morte, il y avait quelques mois.