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Page:Luzel - Veillées bretonnes, Mauger, 1879.djvu/207

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matin ; Jâg, ma maîtresse, voulut m’accompagner, afin de veiller à ce que tout se passât exactement comme avait dit l’apparition, et pour me soutenir et m’encourager, en cas de besoin.

Avant de sortir de la maison, elle me donna deux sous, en me disant : — Tiens, voilà les deux sous que tu dois mettre dans le plat de la sainte Vierge.

Aussitôt, un vieux banc, qui était contre la table, fut jeté violemment presque sur nos pieds.

— Il paraît que ce n’est pas bien comme cela, dit Jâg ; rappelle-toi comme on t’a dit.

— On m’a dit : — vous recevrez, de la main de la petite Annaïk, deux sous, que vous mettrez dans le plat de la sainte Vierge.

Il y avait dans la maison une petite fille de cinq ans qui s’appelait Annaïk. On lui donna deux sous, et je les reçus de sa main. Puis, nous prîmes de l’eau bénite, nous nous signâmes et nous mîmes en route vers Saint-Carré.

Nous entendîmes trois messes et suivîmes trois processions autour de l’église, avec tout le recueillement et toute la piété dont nous étions capables. Durant les trois messes, je fus bien malade, malade à en mourir ! Je m’évanouissais, puis revenais à moi et m’évanouissais encore. L’on s’empressait autour de moi et l’on voulait me porter hors de l’église. Mais, Jâg, qui ne me quittait pas,