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Page:Luzel - Veillées bretonnes, Mauger, 1879.djvu/206

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fut qu’au bout de quelque temps que je pus dire : — Oui !

— C’est bien, ma fille, reprit-elle, et n’oubliez pas que :

Neb a vev en doujanz Doue,
A varvo en he garante !


Celui qui vit dans la crainte de Dieu,
Mourra dans sa grâce !

Et aussitôt l’apparition s’abaissa graduellement, parut se rouler sur elle-même, et sortit par dessous la porte, sous la forme d’une boule de feu !

Je pris mon pot, ma jatte à traire et mon filtre, machinalement, n’ayant aucun sentiment de rien, et, en arrivant à la maison, au lieu de mettre tous ces objets à leur place ordinaire, je les posai sur la pierre du foyer. Ma maîtresse me regarda tout étonnée, et, me voyant pâle, égarée, elle me demanda ce qui m’était arrivé. Mais, je ne pouvais pas parler, et ce ne fut qu’au bout d’une heure, au moins, que je pus lui raconter ce que j’avais vu et entendu.

— Il faudra, me dit-elle, tout faire exactement comme il vous a été dit, ma fille, sans rien oublier.

Et, voyant mon trouble et mon égarement, elle me pria de me coucher, et veilla bien à ce qu’on ne me fît rien manger, jusqu’à ce que mon pèlerinage fût accompli.

Le dimanche arrivé, je me levai de bon