Page:Luzel - Veillées bretonnes, Mauger, 1879.djvu/219

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de revenants et d’apparitions surnaturelles qui se débitent, aux veillées d’hiver et ailleurs, s’il se trouvait toujours des hommes sans peur et résolus à les tirer au clair. C’est la peur qui produit tous les fantômes.

— Oui, pour vous autres qui ne croyez à rien, dit Marivonne.

— Voilà qu’il va être dix heures, dit Séraphine : — Chantez-nous une jolie chanson, Godik Rio, pour terminer la veillée.

Et Godik Rio, de sa voix fraîche et claire, chanta le sône suivant :

ADIEUX À LA JEUNESSE


Dimanche soir, après souper, — j’allai me promener dans mon jardin, ô gué tra la, la ! — j’allai me promener, me promener dans mon jardin[1].

Et là, j’entendis un petit oiseau qui me disait, sur la branche : — es-tu malade de cœur, ou as-tu peine d’esprit ?

— Je ne suis malade de cœur, ni n’ai peine d’esprit : — mais, je regrette ma jeunesse, je ne sais où elle s’en est allée.

Elle a emporté mes dents et blanchi mes cheveux ; — elle a voûté mes épaules et obscurci mes yeux.

  1. Disul da noz d’abardeiz ha pa oa koaniet d’inn,
    Ha me monet da vale, ô guè tra la la !
    Ha me monet da vale, da vale em jardinn.