Page:Luzel - Veillées bretonnes, Mauger, 1879.djvu/225

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commencèrent à conjurer ce méchant démon, que chacun voyait appertement dans le feu, tantôt vert, jaune et bleu, jettant des Agnus Dei dans icelui, et près de cent cinquante barriques d’eau, quarante ou cinquante charretées de fumier, et néanmoins le feu continuait. Et pour dernière résolution l’on fit jeter un pain de seigle de quatre sols, dans lequel on y mit une hostie consacrée, puis on prit de l’eau bénite avec du lait d’une femme nourrice, de bonne vie, et tout cela jeté dans le feu ; tout aussitôt le démon fut contraint de quitter le feu ; et avant que de sortir, il fit si grand remue-ménage, que l’on semblait être tous brûlés, et sortit à six heures et demie du soir dudit jour, sans faire aucun mal (Dieu mercy) que la totale ruine de ladite pyramide, qui est de conséquence de douze mille écus au moins. »

« Ce méchant étant dehors, on eut la raison du feu. Et, peu de temps après, ledit pain de seigle se trouva encore en essence, sans être aucunement endommagé, fors que la croûte était un peu noire. »

« Et sur les huit ou neuf heures et demie, après que tout le feu fut éteint, la cloche sonna pour amasser le peuple, afin de rendre grâces à Dieu. »

« Messieurs du chapitre, avec les choristes et les musiciens, chantèrent le Te Deum et un Stabat Mater, dans la chapelle de la Trinité, à neuf heures du soir. »