Aller au contenu

Page:Luzel - Veillées bretonnes, Mauger, 1879.djvu/237

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

L’oncle, en entendant ce vacarme, crut que tous les valets du château étaient à ses trousses. Il chargea un quartier de bœuf sur ses épaules, cacha le reste parmi les genêts et se mit en train de décamper. Mais, dès qu’il s’engagea dans le sentier, il trébucha et culbuta ; il se releva, mais, quelques pas plus loin, il tomba encore, sous son faix, si bien qu’il dut renoncer à rien emporter, pour se mettre lui-même en sureté. Bilz battait toujours la peau, à tours de bras, et criait : au voleur ! Enfin, quand il jugea que son oncle était déjà loin, il descendit de dessus le talus et porta à sa mère le quartier de bœuf abandonné par lui sur le sentier, après avoir caché le reste, qu’il vint prendre plus tard.

— Jésus ! mon fils, ne crains-tu pas d’être pendu ? s’écria la vieille Marc’harit, à la vue des provisions que lui apportait Bilz.

— Soyez tranquille, ma mère, répondit celui-ci, car bien fin sera celui qui me pendra.

IV

Bilz, se jugeant capable de travailler désormais seul, et pour son propre compte, ne retourna pas auprès de son oncle de la forêt de Coat-an-Noz. Il accomplit heureusement, dans le pays, quelques exploits dont il partagea les profits avec sa mère, qui vivait à présent à l’aise et commençait à croire que son fils n’avait pas tort, quand il lui disait qu’il n’y