Aller au contenu

Page:Luzel - Veillées bretonnes, Mauger, 1879.djvu/255

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

du chapeau qu’il portait ordinairement. Vers les dix heures, il vit de la lumière dans la chambre du seigneur et il se dit : — Les voilà qui vont se coucher. — Quand il jugea qu’ils devaient être au lit, il sortit de sa cachette et éleva l’homme de paille à la hauteur de la fenêtre. La dame l’aperçut et cria :

— Voilà Bilz ! voilà Bilz !…

— Où donc ? demanda le seigneur, en sautant du lit et en saisissant ses pistolets, qu’il avait posés tout chargés sur la table de nuit.

Bilz avait retiré son homme de paille.

— Il vient de regarder par la fenêtre, répondit la dame, mais, il s’est retiré, quand il vous a vu prendre vos pistolets.

Le seigneur se cacha derrière un fauteuil, un pistolet dans chaque main, et attendit. Bilz éleva de nouveau son homme de paille contre la fenêtre et la dame cria encore : — Le voilà ! le voilà ! Tirez dessus !…

Le seigneur fit feu de ses deux pistolets, et Bilz laissa tomber à terre son homme de paille, en poussant un cri, comme s’il eût été atteint mortellement.

— Je l’ai atteint ! il doit être mort ! s’écria le seigneur. Et il sortit précipitamment, pour s’en assurer, n’ayant que sa chemise et son pantalon, quoiqu’il fît bien froid.

— À moi ! à moi, les gars ! Je l’ai tué ! criait-il.

Et il se mit, avec ses valets, à la recherche du cadavre de Bilz.