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Page:Luzel - Veillées bretonnes, Mauger, 1879.djvu/256

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Cependant Bilz, profitant du désordre et de l’émotion, s’était glissé dans le château, dont la porte était restée ouverte. Il monta, vite, l’escalier, pénétra dans la chambre à coucher du seigneur, où sa dame était restée seule au lit, sans lumière, et dit, en contrefaisant la voix du maître :

— Le voilà enfin pris, ce polisson de Bilz !

— Est-ce qu’il est mort ? demanda la dame.

— Non, il n’est pas mort, mais, il est blessé grièvement. Demain, nous le ferons pendre à l’arbre le plus élevé de l’avenue. Mais, comme il fait froid ! hou ! hou ! hou !…

— Couchez-vous, vite, pour vous réchauffer.

Et Bilz se mit au lit avec la dame.

— Dieu ! comme vous êtes glacé !… s’écria celle-ci ; vous attraperez un rhume, pour sûr.

— Oui, il gèle dur, dehors.

Et il se démenait et tirait les draps à soi, les roulant autour de son corps, si bien que la dame lui dit :

— Vous tirez tous les draps à vous, et me mettez à découvert !

— J’ai si froid, ma pauvre femme ! Je suis gelé !

Et il tirait toujours les draps à soi, tant et si bien que, les ayant roulés autour de son corps, il sauta hors du lit, ainsi emmailloté.

— Où allez-vous donc ? lui demanda sa femme, inquiète.

— Je vais fermer la porte d’en bas, que j’ai