Page:Luzel - Veillées bretonnes, Mauger, 1879.djvu/27

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en était obscurci. L’ermite les appela tous par leurs noms, l’un après l’autre, et leur demanda s’ils n’avaient pas vu, dans leurs voyages, la princesse Blondine ? Aucun d’eux ne l’avait jamais vue, ni n’en avait même entendu parler.

Tous les oiseaux avaient répondu à l’appel, à mesure qu’on les nommait, excepté l’aigle.

— Où donc est resté l’aigle ? dit l’ermite. Et il souffla plus fort dans son sifflet. L’aigle arriva, alors, de mauvaise humeur, et dit :

— Pourquoi me faites-vous venir ici, pour mourir de faim, lorsque j’étais si bien là où je me trouvais ?

— Où donc étais-tu ?

— J’étais au château de la princesse Blondine, où je ne manquais de rien, car on est là en fêtes et en festins, tous les jours.

— C’est à merveille, et tu es libre d’y retourner, mais à la condition d’y porter sur ton dos mon neveu que voici.

— Je le veux bien, si l’on me donne à manger à discrétion ?

— Rassure-toi, à ce sujet ; on te fournira de la nourriture à souhait, glouton que tu es.

L’ermite alla, alors, trouver un seigneur, qui habitait dans un château voisin, et le pria de lui tuer un bœuf, un de ses meilleurs, et de le faire apporter dans sa cabane, dépecé par morceaux. Le seigneur s’empressa de donner des ordres pour contenter l’ermite, et le bœuf, dépecé par morceaux, fut porté à la cabane du solitaire. On chargea la viande