Page:Luzel - Veillées bretonnes, Mauger, 1879.djvu/28

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sur le dos de l’aigle, Cado s’assit dessus, et les voilà partis par-dessus le bois, flip, flip, flip !

Tout en fendant l’air, l’oiseau donnait ses instructions à Cado : — il lui disait : — Quand nous arriverons près du château, qui est dans une île, au milieu de la mer, tu verras d’abord sur le rivage une fontaine. Au-dessus de cette fontaine, est un bel arbre dont les branches la recouvrent. À l’heure de midi, la princesse vient, tous les jours, avec sa femme de chambre, se reposer à l’ombre de l’arbre, et peigner ses cheveux blonds, en se mirant dans l’eau de la fontaine. Tu t’avanceras vers elle, sans crainte. Dès qu’elle te verra, elle te reconnaîtra et te fera bon accueil. Elle te donnera un pot d’onguent dont tu te frotteras et qui te guérira promptement, et tu lui proposeras de l’enlever et de l’épouser, pour prix du service qu’elle t’aura rendu. Elle acceptera. Tu m’appelleras, alors, vous monterez sur mon dos, et nous partirons aussitôt. Le père de cette princesse, qui est magicien, se mettra bientôt à notre poursuite : mais il sera trop tard.

L’aigle, épuisé par la longueur du voyage, demandait souvent à manger : — Donne-moi à manger, car je suis fatigué. — Et Cado lui donnait de la viande de bœuf, et ils allaient encore. Ils planèrent longtemps au-dessus de la mer, ne voyant que le ciel et l’eau. Enfin, ils arrivèrent aussi à l’île. L’aigle s’abattit sur un rocher du rivage. Cado descendit alors et,