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Page:Luzel - Veillées bretonnes, Mauger, 1879.djvu/280

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— Comment, et aucun médecin ne peut la soulager ?

— Ils n’y entendent rien, vous dis-je ; il en est venu la voir de tous les coins du royaume, et même de l’étranger, et son mal ne fait qu’empirer, tous les jours. Voilà six mois que cela dure, et la pauvre enfant ne peut manquer de mourir prochainement, pour peu que cet état se prolonge encore.

— Eh ! bien, je suis un médecin du royaume de France ; je connais un remède excellent contre l’enflure, quelle qu’en soit la cause, et je crois pouvoir affirmer que je puis guérir votre princesse.

— Oh ! si vous faites cela, votre fortune est assurée, car le roi, qui aime sa fille pardessus tout au monde, est inconsolable, et il viderait son trésor pour la voir guérie.

— Allez lui dire qu’il est descendu chez vous un médecin de France, qui connaît un remède contre l’enflure, lequel ne manque jamais son effet.

L’hôte courut au palais, et fit part de la bonne nouvelle au roi.

— Qu’il vienne tout de suite, s’écria le père désolé, je n’ai rien à lui refuser, s’il rend la santé à ma fille chérie.

Turquin se rendit sur-le-champ au palais, et fut conduit dans la chambre de la princesse. Celle-ci était dans un état qui faisait pitié à voir. Elle avait l’écume à la bouche, et criait et se démenait comme une véritable possédée.