Page:Luzel - Veillées bretonnes, Mauger, 1879.djvu/284

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— Non, nul ne sait son nom ; il n’a fait que passer par notre ville, pour nous sauver, puis il est parti pour un autre pays, où il avait aussi du bien à faire ; mais, il a promis de revenir, sans tarder. À son retour, nous comptons le retenir chez nous, en le mariant à la fille de notre préfet, qui est bien la plus belle créature qui soit sous l’œil du firmament.

— Ah ! vraiment ? répondit Turquin, en souriant ; — puis, il alla se coucher, car il commençait de se faire tard.

Le lendemain matin, il alla se promener par la ville. Il vit, avec plaisir, que l’eau de la fontaine qu’il avait fait jaillir du rocher était toujours abondante, claire et limpide. Puis, il se rendit chez la pauvre orpheline qui lui avait donné l’hospitalité, lorsque les autorités et les riches l’avaient durement repoussé. Elle ne reconnut pas dans un si beau seigneur le mendiant couvert de haillons et mourant de faim avec qui elle avait partagé son pain noir et son triste logis. Elle demeurait seule avec sa sœur, et elles vivaient pauvrement, mais honnêtement, du produit de leur métier de couturières.

— Ne me connaissez-vous pas ? lui demanda Turquin.

Elle leva les yeux sur lui, et répondit :

— Non, monseigneur, je n’ai pas l’honneur de vous connaître.

— Regardez-moi bien.

Et elle regarda de nouveau et dit :