Page:Luzel - Veillées bretonnes, Mauger, 1879.djvu/292

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l’arbre, et monta dessus. Vers minuit, il entendit un rugissement, et un lion arriva. Un moment après, il entendit un hurlement, et un loup vint rejoindre le lion. Puis, il entendit un autre animal qui venait en courant, à travers les broussailles, en faisant : oc’h ! oc’h ! — C’était un sanglier. Quand les trois animaux, qui n’étaient autre chose que trois diables, furent réunis près du tronc de l’arbre, le lion dit :

— Eh ! bien, qu’y a-t-il de nouveau, camarades ? la journée a-t-elle été bonne ?

— Elle n’a pas été mauvaise, pour ce qui me regarde, répondit le loup ; mais, il faut être prudent, et ne pas parler à l’étourdie. Vous savez bien ce qui nous est arrivé pour l’affaire des habitants du Luxembourg, qui se mouraient de soif, et celle de la fille du roi d’Espagne, et vous n’avez pas oublié la grande colère de notre maître Béelzebud, en voyant nous échapper ces proies qu’il regardait comme assurées : examinons donc, d’abord, si personne ne se cache dans les buissons, ou ailleurs.

Et ils fouillèrent les buissons, et ne trouvèrent personne. Mais, le loup, ayant levé le nez en l’air, aperçut Cochenard, qui se cachait de son mieux parmi le feuillage :

— Ah ! voilà le merle ! s’écria-t-il ; il ne nous échappera pas, cette fois !

— Mais comment l’atteindre ? demanda le sanglier.

— Il faut déraciner l’arbre, dit le lion.