Page:Luzel - Veillées bretonnes, Mauger, 1879.djvu/56

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en peine, et déroule les grains de mon chapelet, jusqu’au chant du coq.

— Mais dites-nous ce qu’on a vu dernièrement, insista Ewenn, car il paraît que, cette fois, on n’a pas seulement entendu, mais que l’on a aussi vu quelque chose.

— Pour moi, je n’ai rien vu, dit Fanch koz ; mais voici ce que raconte Laou Ar Fur, le marchand de chevaux de Goarec. Il revenait, l’autre jour, de la foire de Ker-Ahès (Carhaix), avec ses chevaux. Il se faisait tard, et la nuit était sombre. En passant devant Kerlavrec, il vit trois messieurs debout à l’entrée de l’avenue qui conduit à la maison. L’un d’eux paraissait tenir une lumière à la main ; un autre avait un tison enflammé, comme pour allumer sa pipe, et ils paraissaient causer tranquillement. Arrivé près d’eux, Ar Fur leur souhaita le bonsoir et demanda l’heure ; mais il ne reçut pas de réponse et fut bien étonné de voir les trois personnages disparaître dans des flammes, qui rasèrent le sol, et s’évanouirent aussitôt. Puis il ne vit plus rien. Voilà ce que raconte Ar Fur.

— Des contes que tout cela ! dit Ann Drane, des contes de bonnes femmes, capables tout au plus de faire peur aux enfants. J’ai marché un peu partout, et à toute heure de nuit et de jour, et je n’ai jamais rien vu, rien entendu de surnaturel, et je crois peu à toutes ces sottes histoires. Voulez-vous savoir la vérité sur le récit de Ar Fur ? Rien n’est plus simple.