Page:Luzel - Veillées bretonnes, Mauger, 1879.djvu/68

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— Nullement, madame, je me porte parfaitement, je vous assure.

— Mais, quoi donc, alors ? il faut me le dire, absolument. Est-ce que vous n’auriez pas bien dormi ? Ah ! peut-être avez-vous aussi reçu la visite de la Demoiselle ? ajouta-t-elle, en riant et par pure plaisanterie.

— Comment dites-vous ? la Demoiselle ?…

— Oui, une belle Demoiselle qui va quelquefois, dans la chambre blanche, rendre visite à ceux qui y couchent…

— Ma foi ! puisqu’il faut vous le dire, au risque de vous voir vous moquer de moi, je vais vous raconter tout, franchement et sans rien cacher. J’ai reçu, en effet, la visite de la Demoiselle, comme vous le dites.

— Bah ! vous plaisantez, Marc, ou vous avez rêvé.

— Je ne plaisante pas, madame, et je n’ai point rêvé ; je parle sérieusement, croyez-le bien. Je ne suis pas peureux, ni superstitieux, et j’ai ri bien des fois et haussé les épaules, en entendant parler de fantômes et de revenants ; mais maintenant, ma foi !… Enfin, voici ce qui m’est arrivé, la nuit dernière.

Ma tante, le voyant si grave et si sérieux, ne plaisantait plus, et l’écouta avec attention.

— J’avais éteint ma chandelle, dit Marc, et j’étais tranquillement dans mon lit, songeant que ma femme serait inquiète de ne pas me voir revenir, car il m’arrive bien rarement de découcher. La lune paraissait par moments.