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Page:Luzel - Veillées bretonnes, Mauger, 1879.djvu/71

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Et la Chambre blanche fut, en effet, démolie, et depuis, l’on n’a pas revu la Demoiselle de Kercabin.

III

— Pour moi, je ne serais pas parti, dit Paotrik Guyon, le pâtre, surtout en chemise ; j’aurais au moins emporté mes hardes, et je me serais habillé dans le jardin.

— Que n’étais-je donc là, à la place de ce poltron ! dit Ewenn, j’aurais été bien aise de faire la connaissance de cette aimable Demoiselle, et je vous en aurais donné des nouvelles. Mais, bah ! cet homme avait la berlue. J’ai couché un peu partout, à Kercabin, et je n’ai jamais vu la Demoiselle, ni lui non plus ne l’a pas vue ; il rêvait, certainement.

— Ah ! j’aime bien à vous entendre dire : — J’aurais fait comme ci, j’aurais fait comme ça, je n’aurais pas fait comme cet autre, etc… Cela ne coûte rien à dire, ici, au coin du feu ; mais, si vous aviez été à la place de cet homme, vous auriez fait comme lui, et peut-être seriez-vous mort ou devenu fou de frayeur, brave Paotrik. Je sais quel cas il faut faire de ces bravades et de ces bravoures à distance.

— Vous avez bien raison, Pipi, dit Fancho ; je n’ai jamais rien vu de semblable, de ma vie ; ce qui ne prouve rien contre la vérité des apparitions, et je ne me moque jamais de ceux qui me font de ces récits, quelqu’étranges qu’ils puissent être, quand je vois chez le