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Page:Luzel - Veillées bretonnes, Mauger, 1879.djvu/86

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Au bout de quelque temps, j’entendis remuer au bas de la cuisine, et des bruits métalliques comme si quelqu’un changeait de place aux marmites et aux chaudrons. Je crus d’abord que c’étaient les chats qui faisaient ce bruit. Impatienté de voir qu’il continuait, j’allai voir ; mais, il n’y avait ni chien ni chat par là. Je revins à mon fauteuil près du feu, et repris ma lecture. Mais, voilà en haut, dans le grenier, un vacarme de tous les diables, comme un tas de planches qui s’écroulerait bruyamment. Il y avait quelques jours que j’y avais monté et entassé en piles plusieurs douzaines de rais non encore dégrossis et destinés à garnir les roues d’une nouvelle charrette.

— Allons ! me dis-je, voilà mes rais qui viennent de s’écrouler. Et je pris ma lumière et montai au grenier. Grand fut mon étonnement, après un pareil tintamarre, de voir que mes rais étaient à leur place, et que rien ne paraissait avoir bougé, dans le grenier. Je regardai, à l’aide de ma lumière, et visitai tous les coins, et criai : — « Y a-t-il quelqu’un là ? Qu’il parle, je ne lui ferai pas de mal. — Je ne vis rien, personne ne souffla mot. Allons ! me dis-je, c’est le lutin qui fait ses farces. N’importe, nous verrons peut-être bien le bout de son museau, et nous saurons alors lequel de nous deux aura peur de l’autre. — Et je restai là, blotti dans un coin, bien une demi-heure et la chandelle éteinte.

Mais, rien ne bougea, pendant tout ce temps,