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Page:Luzel - Veillées bretonnes, Mauger, 1879.djvu/93

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encore, aussi peu propres à me rassurer, se succédaient dans ma mémoire, et peu à peu une telle frayeur s’empara de moi, que j’allai me coucher. Je fus à peine dans mon lit, que j’entendis qu’on s’emparait du ribot. Et le bruit de recommencer, et un charivari de tous les diables ! On faisait mine de riboter du lait, pendant quelque temps, puis, on roulait le ribot d’un bout à l’autre de la maison, puis, on le montait dans l’escalier, et on le faisait dégringoler du haut en bas, sur les marches. Il fallait entendre tout cela ! c’était un sabbat, vous dis-je !…

Enfin, on frappa à la porte de la maison. C’étaient mes frères, ma sœur et les domestiques qui revenaient de Guergarellou. Je m’étais enveloppé par dessus la tête dans mes draps, et je ne bougeai pas. On frappa une seconde fois, et on m’appela. Certain, alors, que ce n’était plus le lutin, toute ma peur s’évanouit, comme par enchantement, je m’habillai à la hâte, et j’allai ouvrir.

— Eh ! bien, me dirent-ils, tu étais donc couché, que tu nous as fait attendre si longtemps à la porte ? Sais-tu qu’il ne fait pas chaud ?

— Ma foi ! oui, je m’étais couché ; c’est si ennuyeux d’être seul, et vous tardiez tant à arriver !

— Et le lutin, l’as-tu entendu ?

— Le lutin ? Allons donc ! Est-ce qu’il y a des lutins ? Contes de vieilles femmes que tout