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Page:Lyautey - Du role colonial de l armee, Armand Colin, 1900.djvu/14

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donner la lettre à l’esprit ! Et dira-t-on que de telles qualités sont moins nécessaires au chef militaire qu’au chef civil ?

Est-ce que tout colonial, administrateur ou colon, ne fait pas œuvre de militaire ? Se prémunir contre les revirements toujours possibles chez des populations contenues par une poignée d’Européens, commander ses milices, ses engagés indigènes, n’est-ce pas faire acte de soldat ?

Et le soldat qui organise le pays à mesure qu’il le conquiert, n’est-il pas un administrateur ?

Sont-ce des civils ou des militaires, ces colons, ces agriculteurs qui, dans l’Afrique du Sud, en ce moment même, gagnent des batailles rangées ?

Vainement on cherche la démarcation. La vérité, c’est que la vie du dehors, la mise aux prises constante avec la misère, les obstacles, l’es périls, la lutte quotidienne contre les hommes et les éléments plongent dans la même trempe tous les tempéraments. De ceux qui ont été soumis à cette rude école, les uns, restent au premier tournant, mais des autres résulte un être spécial qui n’est plus ni le militaire, ni le civil, mais qui est tout simplement le colonial.

Et c’est à ce titre qu’il nous sera permis, sans être suspect d’y apporter le moindre « esprit