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Page:Lyautey - Du role colonial de l armee, Armand Colin, 1900.djvu/32

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plissant les rites métropolitains aux heures traditionnelles du tableau de service. Il était visible que ces hommes, à 3 000 lieues de leur village, mal abrités, inoccupés, périssaient d’ennui, de spleen et de mal du pays. Malgré les objections tirées de l’état de santé de ces hommes, de l’impossibilité qui en résultait de les livrer à eux-mêmes, loin de l’infirmerie et de la surveillance, de leur état de dépression, de la nécessité de les avoir sous la main, je les ai dispersés sur l’heure. Ils se sont transformés en contremaîtres d’une école professionnelle, en chefs d’exploitation agricole, en jardiniers, en constructeurs déroutes, et, deux mois après, à ce ramassis d’infirmes s’était bien réellement substituée une compagnie prête à se rassembler au coup de sifflet, l’œil clair, le jarret sec, l’allure dégagée et le fusil prêt. C’est que chacun d’eux, en face d’une responsabilité et d’une initiative, s’était ressaisi : qu’ils avaient retrouvé une raison de vivre.

Et cela fut l’histoire de la plupart des Compagnies.


D’autre part, cette dispersion entraîne une autre conséquence, c’est que le soldat, au contact immédiat du pays, s’y attache et souvent y reste.