Page:Lyndamine ou l’Optimisme des pays chauds, 1875.djvu/152

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mieux me renfermer dans mes jupes et conserver de ma chaleur.

Tandis que nous nous toisions réciproquement, et que, pour jouer la pudeur, je baissais et levais de temps en temps les yeux, j’aperçus que la dame qui, crainte de brûler ses cotillons, les avait haussés, à la manière de celles qui, devant le feu, veulent chauffer la chapelle, j’aperçus, dis-je, que la dame avait découvert tous ses pays chauds ; j’avais l’œil vif et fin. Je vis exactement depuis l’anus jusqu’au nombril, et, dans cet espace, une perruque si forte et d’un brun si foncé que j’eus d’abord beaucoup de peine à découvrir la tonsure, que j’avais le plus d’envie de bien voir. J’y réussis enfin ; et à l’odeur qui m’en revenait quelquefois, je conclus que cette jolie pièce avait été savonnée fort honnêtement ; mais je ne m’avisai pas de faire le semblant de mes découvertes.

Sur ces entrefaites, le militaire, qui se croyait mal placé, ou peut-être qui me jugea plus jolie que sa voisine, prit place à mes côtés ; et plongeant ses yeux sur ma gorge, qui était assez mal fermée, il aperçut deux globes qui le charmèrent et dont, sur-le-champ, il s’adjugea l’empire ; mais il feignit, comme moi, de n’avoir rien vu ; c’était à l’occasion de faire naître celle de la jouissance. Cependant nous arrivâmes à la dînée, et le galant capitaine nous offrit sa table. Nous l’acceptâmes, et nous fûmes très bien régalées.

Pendant le repas, une servante jeune et dessalée nous servait ; elle était dans un de ces déshabillés qui plaisent