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  Pour rétablir le genre humain
  Je te demande un coup de main.
  Je me suis emporté trop vite,
  Et ma gloire me le défend.
Avec le demi-corps d’un être hermaphrodite,
Fais-moi deux corps nouveaux, et recouds leur devant. »
  Mercure se met à l’ouvrage,
  Pour recoudre, selon l’usage :
  Mais, par hasard, le fil manqua,
  Et le mauvais couseur laissa
  Au bas du ventre une ouverture.
  « — Parbleu, dit-il, cette aventure
  Doit bien me servir de leçon.
 Pour l’autre ventre ayons un fil plus long. »
  Autre malheur aussi funeste,
 Il eut de fil huit bons pouces de reste.
« — Cela sent son Mercure, et ne part que d’un fou.
 Quoiqu’il en soit, je lui laisse l’aiguille :
  S’il en est requis par la fille,
  Il a de quoi coudre son trou. »
  Telle est, ajoutai-je, charmante,
  L’origine de votre fente ;
  Mais, puisque j’ai l’aiguille au cul,
 Quand vous voudrez, le trou sera cousu.
 — Fort bien, ma foi, me riposte la nonne :
  Vite, mon fils, l’aiguille en main.
  Elle s’enfile, et je l’enconne.
— Tout chacun dit : « — Mercure aimait le genre humain.
 Moi, je lui dois une belle foutaise.
  — Et moi, de te foutre à mon aise.