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  Femme d’un lourdaud de mercier,
 Depuis longtemps convoitait un barbier,
 Dont elle était sans doute trop voisine.
  L’on avait si souvent goûté
  Des plaisirs de la petite oie
 Qu’on dédaignait cette faible monnoie.
 Mais l’on était sans cesse dérouté,
 Le plus beau plan était inefficace,
 Et l’on voulait toujours prendre la place.
  — Comment faire ? dit le barbier ;
  Chacun se plaît à nous épier.
  — J’y rêve, dit la mercière :
  Veux-tu m’en croire, maître Pierre ?
  Je serai malade demain,
  Et je voudrai le médecin.
  Au parfait je ferai mon rôle.
  Alors il faudra que tu vole,
  Sans retarder, à mon secour ;
  Confions le reste à l’amour.
  Dès le lendemain, Mathurine
 Fait la malade, et reste dans son lit.
  Son mari la voit et frémit.
— Qu’as-tu, ma fille, la colique ?
 — Hélas ! dit-elle, un cruel mal de cœur :
 Le pauvre époux, qui cherche son malheur,
  Est, sur-le-champ, chez maître Pierre :
 — Vite, voisin ! Ah ! ma chère mercière !
  Dépêchez-vous : en vérité
  Je la crois à l’extrémité.