Page:Lyndamine ou l’Optimisme des pays chauds, 1875.djvu/247

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  Pierre se lève de son siège :
  — Il donne, dit-il, dans le piège ;
 Profitons-en. Ah ! vous n’aviez pas tort :
 Du vinaigre, voisin, et du plus fort.
  Si j’eusse tardé de me rendre,
 Dans le tombeau, madame allait descendre.
 Donnez du linge, une assiette, du feu,
De l’eau ; parlez plus bas ; fermez ces huis un peu :
  Je crains qu’elle ne vous échappe !
 Le bon mari croirait-il qu’on l’attrape ?
 Hé ! non, vraiment. Le vigilant docteur
  Se transforme en apothicaire.
 Donne d’abord à madame un clystère,
 Et dit : — Nous la sauverons, par bonheur.
  De ce cas extraordinaire.
  Il fait un emplâtre à la diable.
— Voisin, dit-il alors, vous sentez-vous capable
 Toute la nuit, de caresser Manon,
  Et de la savonner à fond ?
— Pourquoi cela, barbier ? demande le compère.
— Voisin, mon cher voisin, ce n’est pas un mystère :
  Quand vous voudrez vous mettre au lit,
 De ce morceau calottez votre vit,
  Et sans rien dire à la malade,
 Régalez-la d’une forte salade.
  Mon onguent graissera son con ;
  Je n’y vois que cette façon.
 — Voisin, vous-même, appliquez le remède.
  — Me prenez-vous donc en sous-aide ?