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Page:Lyndamine ou l’Optimisme des pays chauds, 1875.djvu/27

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qu’un mot : connais-tu tes parents ? Après ta réponse, je te donnerai des nouvelles de mon existence.

Je satisfis sa curiosité dans les mêmes termes que j’ai contenté celle de mes critiques lecteurs ; je n’en savais pas plus long.

— Ma foi, dit-elle, je suis donc plus sûre que toi de ma respectable généalogie ; elle ne se perd pas, je l’avoue, dans la nuit des siècles ; mais je sais positivement qu’un dévot directeur de pucelles, et qui les visitait pour les humilier, fut un jour inspiré par le Saint-Esprit d’éteindre les feux profanes d’une jolie femme de chambre de ***. Il en vint à son honneur avant de lui en donner l’absolution ; et, dans la crainte d’un rat, il eut la complaisance de répéter l’opération jusqu’à quatre fois. Tu vois, belle Lyndamine, par ce récit, que ma chère mère était au mieux, et que mon fervent père prêchait volontiers l’optimisme, même en écrivant. Je suis assez contente de la portion d’amour qu’ils m’ont transmise ; et, si la dose me manque, je sais encore où je dois emprunter du feu. Si nous vivons ensemble assez de temps, je te donnerai tous mes secrets ; maintenant nous sommes pressées. Donne ta main, que je la baise. Prends… la cloche sonne ; dépêchons-nous.

Émilie vole à ses jupes ; je prends les miennes ; nous fûmes aussitôt prêtes que les autres pensionnaires.

Pendant une semaine entière, nos nuits se passèrent aussi rigoureusement que celle-ci. À l’imitation de monsieur l’abbé, nos mains eurent les premières leçons

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