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Page:Lyndamine ou l’Optimisme des pays chauds, 1875.djvu/32

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des écus qui la tentaient, ne se prêta à cette intrigue qu’avec parole que Nelson ne se présenterait qu’en habit de femme. Ce fut donc sous de très belles jupes que Nelson nous apporta l’idole que nous voulions adorer. Il faut voir quelle fut ma surprise lorsque je rentrai pour me coucher.

La coquine d’Émilie, qui s’était promis de me faire tomber aux pieds du dieu de l’amour, ne m’avait rien dit de ses manœuvres. Lorsque l’heure sonna pour nous retirer, elle feignit quelques besoins, et me laissa rentrer seule. Je lève mon loquet en chantant, et je me dispose à goûter le même plaisir qu’elle m’avait déjà procuré. Une voix douce et tendre semble sortir de la ruelle de mon lit et me demande grâce.

— Qui est là ? dis-je assez émue.

Un grand corps en cotillon, et la tête couverte d’une calèche si profonde que je ne pus en voir le visage, se montre, me fait une révérence gauche et un compliment gracieux. Je me disposais à répondre malgré ma surprise, lorsque mon Émilie parut.

— Ah ! sois le bienvenu, s’écrie-t-elle, j’étais inquiète, mon cher Nelson ; nous n’avons pas le temps de disserter. Je t’aime, tu le sais. Cette belle enfant t’aimera aussi, si tu le veux. Es-tu homme ? il faut ici de la vigueur.

— Un homme en jupes ! dis-je à Émilie.

— Tais-toi, répond-elle encore une fois ; c’est pour t’amuser que j’ai trouvé le secret de l’introduire. As-tu belle grâce de faire l’étonnée ? Laisse tes cottes, Nel-