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formule de l’avenir, le dernier mot du journalisme (c’est dans ce sens qu’il faut chercher, me disais-je), elle est depuis longtemps dépassée. Les idées se périment et s’oblitèrent au bout d’un temps plus ou moins long. Les hypothèses les plus aventurées d’hier ne se haussaient pas à la taille de la réalité.

La publicité, qui, dans les commencements, n’était pour leur budget qu’un simple appoint, devint petit à petit l’unique ressource des journaux ; ce qui leur permis de se donner pour rien. Reléguée d’abord aux dernières pages, elle s’afficha bientôt en tête, repoussant au second plan l’information proprement dite. Quelques nouvelles générales noyées dans un flot d’annonces !

Ainsi comprises, les feuilles publiques ne tardèrent pas à se déprécier. On les froissait sans les lire, comme on faisait autrefois des prospectus distribués aux carrefours. Il fallait trouver autre chose. C’est alors qu’un obscur diurnale (ainsi appelle-t-on maintenant les journalistes), auprès duquel Girardin, ce brasseur d’idées, n’eût paru qu’un petit garçon timide, eut un trait véritablement de génie. Il s’avisa que, puisque la clientèle bénévole faisait grève, le seul moyen de la maintenir était peut-être de la rémunérer honnêtement. Et c’est ainsi que, par une ingénieuse combinaison de primes et de concours permanents, qui supposent obligatoirement la lecture intégrale des matières, le journal se trouve, je ne dis pas : remboursé, mais littéralement offert avec de l’argent par-dessus. En sorte que personne n’est susceptible d’ignorer les vertus des produits prônés par les réclames, du moment que chacun est payé pour les savoirs.

Herriopolis possède six de ces journaux, ou feuilles d’avis, comme ils s’intitulent avec un juste sentiment de leur destination : l’Informateur, la Marche en Avant, le Bien Commun, le Radiogramme, le Rapide et Herriopolis républicain. Ce sont de volumineux fascicules de 32 à 64 pages, qui ont trois éditions par jour : le matin, à midi,