Page:Lyon en l an 2000.pdf/8

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Un ENVOYÉ SPÉCIAL dans L’AVENIR

Journal d’un Journaliste

25 septembre 2000. — « Une minute, — un siècle ! — s’écoula… » Cliché d’un sûr placement, dont il m’est arrivé mille fois, quotidien exégète des lieux-communs, de relever le terre-à-terre de mes locales ! Et voici que je pénètre seulement le sens formidablement ésotérique dont se chargeait cette insignifiante locution !…

Une minute… un siècle… Y a-t-il une minute ou y a-t-il un siècle que j’ai quitté mon journal et ma ville ? Je ne sais plus. C’est si naguère et c’est tellement jadis ! Le feu des applaudissements crépite encore à mes oreilles ; et cette voix, pourtant, qui me semble sortir d’outre-tombe !…

Je me souviens. Il y avait là, dans le hall, l’Académie des Sciences au complet, et mon rédacteur en chef, impassible starter de cette course à travers le Temps, haranguait la docte assemblée :

— Le Quotidien vous a réunis, Messieurs, pour vous faire témoins du plus prodigieux spectacle qu’il ait été donné de voir depuis que le monde est monde. Par l’automobile, le sous-marin, l’aéroplane, l’homme possédait l’Espace. Mais le Temps fuyait son étreinte. À compter de ce jour, l’en voici maître absolu. À l’appel du grand ingénieur. Wells, la Chimère est descendue de son ciel se poser dans la Réalité. Ainsi, le paradoxe de la veille est souvent le truisme du lendemain.