Page:Lyriques grecs - traduction Falconnet.djvu/114

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la mer immense, et de ses pieds il tend les vagues ; Non, jamais d’autre taureau ne s’échappa du pâturage pour nager en pleine mer. Ce ne peut être que lui seul, Jupiter.

XXXVI. IL FAUT VIVRE SANS SOUCI.

Que te sert de m’enseigner les règles et les sophismes des rhéteurs ? Qu’ai-je besoin de toutes ces paroles qui ne servent à rien ? Apprends-moi plutôt à boire la douce liqueur de Bacchus ; apprends-moi plutôt à folâtrer avec Vénus aux tresses d'or. Des cheveux blancs couronnent ma tête. Donne-moi de l’eau, verse du vin, jeune enfant ; endors ma raison. Bientôt j’aurai cessé de vivre, et tu couvriras ma tête d’un voile[1]. Les morts n’ont plus de désirs.

XXXVII. SUR LE PRINTEMPS.

Vois comme au retour du printemps les Graces font éclore les roses ; vois comme le flot de la mer s’aplanit, et comme il repose. Vois comme plongent ces canards sauvages ; vois comme voyagent ces grues. Titan, le soleil, brille dans toute sa pureté. Les nuées ombreuses se retirent doucement. Les travaux de l’homme sourient dans la campagne. La terre voit les semences se lever de son sein ; le bourgeon de l’olivier commence à sortir ; le cep du bouillonnant Bacchus se couronne, et sur les rameaux les fruits en bouton fleurissent à travers les feuilles.

XXXVII. SUR LUI-MEME.

Je suis vieux, et je bois plus que les jeunes. Me faut-il conduire un chœur ? j'ai our sceptre une outre, et je laisse à d’autres de porter dans leur main la tige de nar-

  1. Les anciens jetaient un voile sur la tête du mort quand on lui avait fermé les yeux. Sophocle nous a transmis cet usage dans son Hippolyte.