23l PINDARE. cher bien loin ceux qui ne sont pas faits pour eux. Ainsi la belle Coronis fut la victime des maux qu'elle attira sur sa tète en recevant dans ses bras un étranger' qui était venu d’Arcadie. Mais son crime n’échappa point aux re- gards d’Apollon. Du temple de Delphes où fument sans cesse les entrailles des victimes, il découvrit |’adultère de son amante, par le don qu’il possède de lire dans l’a- venir et de connaitre les_ choses les plus cachées. Car vainement les dieux ou les hommes inventeraient le plus ingénieux mensonge pour lui dérober leurs actions ou leurs pensées; son œil pénètre au fond des cœurs. Il connut donc la flamme criminelle de Coronis pour Ischys, fils d’Elatus, et la consommation du forfait. Diane est chargée de la vengeance de son divin frère; elle vole, enflammée de courroux, sur les rives du Bœbias‘, à La- cérie, lieu qu’habitait l’infidèle; tandis que lui-même immole à sa colère le séducteur qui l’avait portée au par- jure. Une cruelle épidémie, semblable à une étincelle qui allume dans une foret un vaste incendie, désole toute la contrée; les peuples périssent, et Coronis perd la vie. Mais lorsque son corps, placé sur le bûcher par ses parents affligés, commence à etre entouré des feux bril- lants de Vulcain, Apollon s’écrie: Non, je ne laisserai point périr misérablement le fruit de mon amour, il ne participera pas au châtiment de sa mère. A ces mots, il s’élance et arrache l'enfantdu sein de Coronis. La flamme, à son approche, se divise pour lui laisser un libre pas- _ sage._ll le confie ensuite au centaure de Thessalie, afin qu’il lui enseigne l’art de guérir les maladies ennemies des hommes. Bientot le jeune Esculape fut initié dans tous les secrets de son maitre; celui que dévorait un ul- cère brûlant, celui qu’avait blessé un coup de pierre ou un coup de` lance, celui dont le corps était en proie à un î lschys, fils d'Él¤tus. (Voy. Pnusnnias, p. 68 ) ’ Bœbias, lac situé près dc Lacérie, ville de Thessalie.
