Page:Lyriques grecs - traduction Falconnet.djvu/388

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« Moissonneurs, liez vos gerbes ; que le passant ne dise pas : « Ouvriers négligents, vous ne gagnez pas l’argent qu’on vous donne. »

« Que les tuyaux de vos gerbes dorées regardent le nord ou le couchant; alors vous verrez grossir les grains de vos épis.

« Vous qui battez le blé, fuyez le sommeil vers midi ; a cette heure le grain plus sec se sépare mieux de la paille.

« Moissonneurs, mettez-vous à l’ouvrage quand l'alouette s’éveille, finissez quand elle dort ; reposez-vous pendant la chaleur du jour.

« Amis, heureux le sort de la grenouille ! un échanson ne lui verse pas à boire : elle boit à son aise.

« Notre intendant, un peu moins d’avarice, fais cuire des lentilles. Veux-tu blesser tes doigts en découpant en quatre parts un grain de cumin ? »

Voilà, Battus, voilà le véritable chant des moissonneurs que la chaleur altère. Pour toi, va raconter ton pitoyable amour le matin à ta mère éveillée dans son lit.

XI. LE CYCLOPE.

Plaintes de Polyphème sur les rigueurs de la nymphe Galatée.

— L'étude et le travail, seul remède des passions.

O Nicias ! les Muses sont l’unique remède a l'amour. Ce remède si doux, si efficace, nait parmi les hommes, et cependant qu’il est difficile à trouver! mais tu dois le connaitre, toi l‘ami d’Esculape, toi si cher aux neuf sœurs.

Les Muses rendaient moins amers les tourments du célèbre Cyclope, lorsqu’il aimait Galatée, alors que sur ses joues brillaient `a peine les premières couleurs d’un tendre duvet. Il ne chérissait pas les roses, les fruits, les cheveux bouclés; mais les filles d’enfer rugissant dans son âme lui faisaient regarder d’un œil de mépris le reste de la nature.