Page:Lyriques grecs - traduction Falconnet.djvu/501

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’essences, ni de miroirs. La grace est toujours dans ses yeux ; et même sur l’Ida, lorsque Pâris y jugea les déesses, elle ne consulta ni le métal resplendissant que recèle le sein des montagnes, ni les eaux transparentes du Simoïs. Junon l’imita ; Cypris seule, les yeux fixés sur l’airain réfléchissant, changea et rechangea souvent sa coiffure ; mais Pallas, qui, telle que les Jumeaux divins au bord de l’Eurotas, venait de parcourir cent fois le stade, n’employa d’autre parfum que le simple jus de ses olives chéries, et, pareille à la rose du matin, ou plutôt aux grains éclatants de la grenade, une vive rougeur colora son visage. Jeunes filles, ne lui présentez donc que le jus de l’olive : c’est le parfum de Castor, ainsi que d’Hercule. Offrez-lui des peignes d’or pour démêler ses beaux cheveux, pour en séparer les tresses luisantes.

Sors de ton temple, ô Minerve ! des vierges, troupe chère à ton cœur, des vierges descendues du grand Acestor[1] s’empressent autour de toi. Ô Minerve ! on porte aussi devant toi le bouclier de Diomède ; ainsi le veut l’antique usage établi par Eumède, ce pontife chéri de toi, qui, pour se dérober aux transports d’un peuple furieux, s’enfuit jadis sur le mont Créius avec ton image, et l’y cacha sous des roches escarpées qu’on a depuis ce temps honorées de ton nom.

Sors de ton temple, ô Pallas ! déesse au casque doré, déesse qui renverses les murailles, qui te plais au fracas des armes et des chars.

Argiens, gardez-vous en ce jour de plonger vos urnes dans le fleuve ; c’est aux fontaines seules à vous désaltérer. Esclaves, ne puisez aujourd’hui qu’aux sources de Physadée ou dans les eaux d’Amymone[2]. Si, du haut de

  1. Acestor est un personnage inconnu dans la fable comme dans l’histoire, mais qui sans doute avait joué un rôle considérable dans sa patrie, puisqu’il y avait dans Argos une tribu qui portait son nom.
  2. Physadée et Amymone étaient filles de Danaüs et avaient laissé leur nom à deux fontaines de l’Argolide.