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La tunique d’Apollon est d’or ; son agrafe, sa lyre, son arc, son carquois et ses brodequins sont d’or. L’or et les richesses brillent autour de lui ; j’en atteste Pytho[1].

Toujours jeune, toujours beau, jamais le moindre duvet n’ombragea les tendres joues d’Apollon. De sa chevelure découle une essence parfumée : mais non, ce ne sont point des parfums, c’est la panacée[2] même qui distille des cheveux d’Apollon. Heureux le sol que ce baume humectera ! il n’y croîtra que des germes salutaires.

Nul ne réunit autant d’arts qu’Apollon : il est le dieu des archers et des poëtes ; car le Destin lui a donné les flèches et la lyre. Il est le dieu des sorts et des augures : de lui les médecins ont appris à retarder la mort.

Nous l’appelons aussi Nomius[3], depuis que sur les bords de l’Amphryse[4], l’Amour lui fit prendre soin des cavales d’Admète. Qu’aisément sous les yeux d’Apollon un troupeau se féconde ! Les taureaux s’y multiplient, les chèvres n’y sont jamais sans chevreaux, ni les brebis sans lait et sans agneaux ; et celle qui n’en eût porté qu’un, en porte toujours deux.

Ô Phébus ! sous tes auspices s’élèvent les villes ; car tu te plais à les voir se former, et toi-même en poses les fondements. Dès l’âge de quatre ans tu construisis sur les bords du lac charmant d’Ortygie le premier édifice qu’aient vu les mortels. Diane te rapportait les cornes des chèvres qu’elle perçait de ses flèches sur le mont Cynthius ; et tu t’en servais pour dresser un autel, en former la base, le corps et les côtés ; ainsi tu nous appris à bâtir. Depuis, tu désignas l’endroit où Battus devait fonder ma patrie ; et sous la forme d’un corbeau d’heureux augure, tu guidas son peuple en Libye. Tu juras de donner Cyrène à mes rois, et toujours ta parole est fidèle.

  1. C’est-à-dire le temple de Pytho ou de Delphes.
  2. Mot grec qui signifie littéralement remède à tout.
  3. Autre mot grec qui signifie littéralement pasteur.
  4. Fleuve de Thessalie.