Page:Lyriques grecs - traduction Falconnet.djvu/515

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sonnés une fois par l’alopécie ne reviennent jamais couvrir le front qu’elle a rendu chauve.

Aussi, d’une voix ferme, adressas-tu ce discours aux Cyclopes : « Cyclopes, hâtez-vous, il faut à Diane un arc, des flèches, un carquois. Diane, ainsi que Phébus, est fille de Latone ; et si quelque sanglier ou quelque monstre des bois vient à tomber sous mes coups, c’est à votre table qu’il sera destiné. »

Tu dis ; ils t’obéirent, et tu fus armée.

Il te manquait des chiens, tu voles en Arcadie et tu vas trouver Pan. Le dieu barbu était dans son antre, où il distribuait aux lices de sa meute les chairs d’un lynx du Ménale. Il te choisit aussitôt six chiens courageux, dont trois aux oreilles pendantes, deux noirs et blancs, un de diverses couleurs, tous capables de renverser des lions, de les saisir à la crinière et de les entraîner vivants. Il y joignit aussi sept cynosurides plus légers que le vent[1], plus vites que le lièvre[2] ou le faon, habiles surtout à découvrir le gîte du cerf, la tanière du porc-épic et les traces du daim.

Tu quittais ces lieux suivie de ta meute, lorsqu’au pied du Parrhasius tu vis s’abattre cinq biches, troupeau superbe, nourri sur les bords du sablonneux[3] Anaurus : elles étaient plus grandes que des taureaux, et l’or brillait sur leurs cornes[4]. Ton œil en fut surpris, et tu dis en toi-même : « Sans doute elles sont dignes d’être la première proie de Diane. » Seule, et sans le secours de tes chiens,

  1. Cynosure était un lieu de Laconie. Les chiens de ce pays étaient renommés par leur vitesse, surtout ceux qu’on croyait nés d’une chienne et d’un renard, espèce dont Aristote attestait l’existence, mais qui n’était autre que celle de nos lévriers.
  2. Le grec ajoute : « Qui ne ferme jamais les yeux. »
  3. Littéralement : « Qui roule un sable noir. » L’Anaurus était un fleuve de la Thessalie : il est assez singulier que Callimaque amène ses biches de Thessalie en Arcadie.
  4. Il ne faut pas s’étonner de ce que Callimaque donne ici des cornes aux biches : c’était une erreur commune à tous les poëtes grecs, et qui leur a même été reprochée par Aristote.