Ce choix fait, Diane alla chercher les Cyclopes. Ils étaient dans Lipare, (aujourd’hui c’est ainsi qu’on la nomme, alors c’était Méligounis[1]), occupés à forger une masse ardente sur l’enclume de Vulcain. L’ouvrage pressait : c’était un abreuvoir pour les coursiers de Neptune. Les nymphes pâlirent à la vue de ces énormes géants, pareils à des montagnes[2], et dont l’œil unique[3], sous leur épais sourcil, étincelait de regards menaçants. Les uns faisaient mugir de vastes soufflets ; les autres, levant tour à tour avec effort leurs lourds marteaux, frappaient à grands coups le fer ou l’airain qu’ils tiraient tout en feu de la fournaise. L’enclume en gémit, l’Etna et la Sicile[4] en sont ébranlés, l’Italie en retentit, et la Corse même en résonne. À ce terrible aspect, à ce bruit effroyable, les filles de l’Océan s’épouvantent…… frayeur pardonnable : les filles même des dieux, dans leur enfance, n’envisagent ces fiers géants qu’avec crainte, et lorsqu’elles refusent d’obéir, leurs mères feignent d’appeler Argès ou Stéropès : Mercure accourt sous les traits de l’un de ces Cyclopes, le visage couvert de cendre et de fumée ; soudain l’enfant effrayé couvre ses yeux de ses mains et se jette en tremblant dans le sein maternel. Pour toi, fille de Jupiter, plus jeune encore, et dès l’âge de trois ans, lorsque Latone t’avait portée dans ses bras à Vulcain pour recevoir ses premiers présents[5], et que Brontès t’avait mise sur ses genoux, tu avais arraché les poils hérissés de sa large poitrine, et depuis ils n’ont point été reproduits : ainsi les cheveux mois-
- ↑ Nom qui en grec signifie fertile en miel.
- ↑ Le grec dit : « Aux rochers de l’Ossa »
- ↑ Le grec ajoute : « Égal à un bouclier de quatre peaux. »
- ↑ Littéralement : « La Trinacrie, séjour des Sicaniens, et la voisine Italie. »
- ↑ Littéralement : « Ses présents de vue, optéria. » La coutume chez les anciens, quand une femme accouchait, était que les parents du nouveau-né envoyassent à la mère des présents, comme pour obtenir la permission de voir son enfant.