Page:Lysias - Oeuvres complètes de Lysias, traduites en françois, trad Auger, 1783.djvu/108

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il me rapporta qu’Eratosthène l’avait arrêté hors de son logis, et l’avait conduit en prison. [17] D’après ce rapport je m’embarquai la nuit suivante pour Mégare. Les Trente, selon leur coutume, condamnèrent Polémarque à boire la ciguë, sans lui déclarer même la raison pour laquelle il allait mourir ; quand ils auraient dû le citer devant des juges, et lui laisser la liberté de se défendre. [18] Lorsque son corps fut transporté de la prison, au lieu de permettre à la famille de l’exposer dans une des trois maisons qui nous appartenaient, ils le jetèrent dans une misérable cabane qu’ils avaient louée. Ils étaient saisis d’un grand nombre de nos meubles ; on leur fit demander ce qui était nécessaire pour la sépulture : ils ne donnèrent rien. Ce furent nos amis qui fournirent pour la cérémonie funèbre, l’un un vêtement, l’autre un coussin, un autre ce qu’il pouvait avoir. [19] Et quoique les tyrans eussent déjà entre les mains une grande quantité de nos effets, 70 boucliers, beaucoup d’or, d’argenterie et d’airain, d’ornements de toute espèce, de meubles, et d’habillements de femmes qui étaient bien plus multipliés qu’ils ne pensaient, et par-dessus tout cela 120 esclaves, dont ils gardèrent ceux qui étaient d’un certain prix, et vendirent les autres au profit du trésor, ils signalèrent leur odieuse cupidité et leur avidité insatiable par un trait