Page:Lysias - Oeuvres complètes de Lysias, traduites en françois, trad Auger, 1783.djvu/121

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eux, c’était le droit d’asservir l’état et d’opprimer les particuliers.

En effet, s’ils n’eussent été divisés que pour empêcher les injustices, dans quelle circonstance un des chefs d’Athènes pouvait-il mieux manifester son zèle patriotique, que lorsque Thrasybule s’était emparé de Phyle [1]. Mais au lieu d’offrir ou de rendre quelque service aux citoyens retranchés dans ce fort, Eratosthène se transporte avec ses collègues à Salamine et à Eleusis, il fait traîner en prison 300 citoyens, et par une seule sentence les condamne tous à mort. [53] Lorsque les exilés se furent saisis du Pirée, que la dissension régnait dans la ville, et qu’on parlait déjà de rapprocher les citoyens, alors les deux partis avaient de fortes espérances que les choses pourraient s’arranger selon le vœu des uns et des autres. Ceux du Pirée vainqueurs laissèrent donc aller les vaincus ; [54] ceux-ci rentrés dans la ville, chassèrent les Trente, excepté Phidon et Eratosthène, et choisirent pour chefs les plus grands ennemis de la tyrannie, auxquels ils supposaient autant de motifs pour détester les tyrans que pour chérir les citoyens du Pirée. [55]

  1. On sait que, sous la domination des Trente, les exilés ayant à leur tête Thrasybule, s’emparèrent d’abord de Phyle, forteresse de l’Attique, et ensuite du Pirée, port d’Athènes.