Page:Lysias - Oeuvres complètes de Lysias, traduites en françois, trad Auger, 1783.djvu/120

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En effet, tous ceux qui étaient malintentionnés pour le peuple, ne perdaient rien à garder le silence puisqu’il y en avait d’autres qui, par leurs démarches et par leurs discours, la plongeaient dans un abîme de maux. Mais comment tous ces hommes qui disent avoir été bien intentionnés pour la patrie, n’en donnèrent-ils pas alors des preuves, en parlant eux-mêmes pour le bien, et en détournant les autres de faire le mal ? [50] Ératosthène dira peut-être, et quelqu’un pourrait se contenter de cette réponse, qu’il craignait de paraître contredire les Trente. S’il ne le dit pas, il n’est point de milieu ; il sera évident ou qu’il a approuvé les actes de ses collègues, ou qu’il était assez puissant pour les traverser sans rien craindre. Au reste, c’était pour votre salut qu’il devait signaler son zèle, et non pour Théramène [1] qui vous nuisait en tant de manières. [51] Mais il regardait votre ville comme une ville ennemie, et vos ennemis étaient des amis à ses yeux. Je vais établir ce que j’avance par plusieurs preuves, je serai voir que les démêlés qui divisaient nos tyrans, n’avaient point pour motif et pour but vos intérêts, mais ceux de la tyrannie : ce qu’ils se disputaient uniquement dans leurs débats entre

  1. Théramène, contre lequel Lysias sera tout-à l’heure une longue excursion était un orateur distingué, un des principaux d’Athènes. Il eut la plus grande part à toutes les révolutions qui arrivèrent alors dans le gouvernement. On lui reprochait de changer de parti suivant les circonstances. Il était un des Trente, ses collègues le firent mourir, parce qu’il s’opposait à leurs injustices. On peut lire ce qui le regarde, dans le second livre des histoires grecques de Xénophon.