Page:Lysias - Oeuvres complètes de Lysias, traduites en françois, trad Auger, 1783.djvu/123

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d’après les mêmes principes, il poursuivait les chefs de la tyrannie, et vous fermait à vous-mêmes les portes d’Athènes dont vous étiez injustement exilés ; enfin, parce que s’étant rendu à Lacédémone, c’est lui qui conseillait aux Lacédémoniens de marcher en personnes contre la ville, qui la décriait dans leur esprit, qui disait qu’elle serait toute Béotienne [1], enfin qui apportait les raisons les plus capables de les persuader. [59] Mais comme il n’avait pu obtenir ce qu’il leur demandait, soit que les sacrifices furent contraires, soit qu’ils ne voulussent pas eux-mêmes prendre les armes, il leur emprunta cent talents afin de pouvoir acheter des secours, et leur demanda pour général Lysandre [2], ce Lacédémonien aussi zélé pour l’oligarchie que malintentionné pour notre république, et l’ennemi mortel surtout des citoyens du Pirée. [60] Après avoir soudoyé de concert toutes sortes de gens pour la ruine de leur patrie, amené à leur projet plusieurs villes et Lacédémone elle-même, persuadé tous ceux des alliés qu’ils purent, ils se préparaient à perdre les Athéniens plutôt qu’à les réconcilier. Et ils auraient réussi sans ces généreux compatriotes auxquels

  1. On sait, par l’histoire, que les Lacédémoniens étaient les plus grands ennemis de Thèbes, capitale de la Béotie.
  2. Lysandre, général de Lacédémone, qui avait vaincu les Athéniens dans le combat de l’Hellespont.