Page:Lysias - Oeuvres complètes de Lysias, traduites en françois, trad Auger, 1783.djvu/130

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dans la démocratie où il vous avait asservis deux fois ; d’un homme qui, toujours ennemi de la constitution présente, en désirait sans cesse une nouvelle, et qui décorait d’un beau nom les excès les plus affreux dont il donnait l’exemple ! [79] Je n’en dirai pas davantage contre Théramène.

Voici donc l’instant, ô Athéniens, voici l’instant où fermant vos cœurs à l’indulgence et à la commisération, vous devez punir comme ils le méritent, Ératosthène et ses collègues, et rougir de témoigner autant de faiblesse contre vos ennemis dans les jugements que vous manifestez contre eux de vigueur dans les combats. [80] Montrez-vous moins sensibles à ce qu’ils promettent de faire, qu’indignés de tout ce qu’ils ont fait. Vous poursuivez ceux des Trente qui sont absents ; ne ménagez pas ceux qui sont présents, et ne vous soyez pas plus contraires à vous-mêmes que la fortune qui vous met entre les mains vos oppresseurs. [81] Poursuivez Ératosthène, poursuivez ses amis dont il a partagé les crimes, et par le nom desquels il cherchera à se justifier. Vous ne jugez pas aujourd’hui ce tyran comme vous fûtes jugés par lui. Quand il gouvernait, il était en même temps accusateur et juge ; aujourd’hui du moins, si l’accusateur parle, il est permis à l’accusé de se défendre.[82] Les Trente ont fait mourir des hommes innocents sans les juger ; vous,