Page:Lysias - Oeuvres complètes de Lysias, traduites en françois, trad Auger, 1783.djvu/190

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de Cérès, et s’est aspergé de l’eau lustrale. Qui peut voir sans frémir son audace sacrilège ? [53] Quel ami, quel parent, quel juge, pour favoriser secrètement Andocide, voudrait encourir la haine manifeste des dieux ? Vous devez donc croire, Athéniens, qu’en punissant ses forfaits, et en vous délivrant de sa personne, vous purgerez la ville, vous purifierez la place publique et les temples, vous repousserez un scélérat chargé du courroux céleste, qui attirerait sur vous les malheurs qui le poursuivent ; qu’enfin vous vous soustrairez au châtiment qu’il mérite, et que le ciel lui prépare.

Je vais vous rapporter à cette occasion ce que Dioclès, notre aïeul, fils de Zacorus l’hiérophante[1], vous conseillait un jour lorsque vous délibériez sur le sort d’un citoyen de Mégare qui avait profané les choses saintes. Les autres vous exhortaient à le faire mourir sur-le-champ, sans le juger : lui, il vous conseilla de le juger pour l’exemple des hommes, afin que sa condamnation qu’ils engendraient de leurs propres oreilles, et qu’ils verraient de leurs yeux, les rendît plus sages. Mais, par révérence pour la divinité, il vous conseillait de juger chacun dans vos maisons le coupable, et

  1. Prêtre chargé de faire connaître les cérémonies religieuses, et de garder les trésors des temples.