Page:Lysias - Oeuvres complètes de Lysias, traduites en françois, trad Auger, 1783.djvu/409

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PLAIDOYER
POUR
UN CITOYEN
Accusé d’avoir détruit la démocratie.




Lorsqu’on vous débite des discours tels que vous venez d’en entendre, & qu’on vous rappelle vos malheurs passés, je vous trouve fort excusables, Athéniens, d’en vouloir également à tous ceux qui sont restés dans la ville ; mais j’admire les accusateurs qui négligent leurs propres affaires pour s’occuper de celles d’autrui, qui, connoissant les vrais coupables et ceux qui ne le sont pas, ne cherchent qu’à tirer de l’argent, & à vous inspirer les mêmes sentimens à l’égard de tous. S’ils ont eu moins en vue de m’accuser que d’exposer les maux où les Trente ont plongé la république, je leur crois fort peu d’éloquence, puisqu’ils n’ont rapporté que la moindre partie des excès de ces tyrans. S’ils prétendent que j’ai trempé dans leurs crimes, je montrerai que c’est une pure calomnie, & que je suis tel qu’auroit été le meilleur citoyen venu du Pirée