Page:Lysias - Oeuvres complètes de Lysias, traduites en françois, trad Auger, 1783.djvu/410

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s’il fût resté à Athenes. Je vous prie, Athéniens, de ne pas régler vos sentiments sur ceux de vils calomniateurs. Leur office est d’inquiéter des citoyens irréprochables, c’est pour eux le meilleur moyen de s’enrichir ; votre intérêt est de laisser à ces mêmes citoyens tous leurs privileges, assurés que par là vous multiplierez les partisans de la constitution présente. Si donc je puis vous prouver que, loin de vous avoir causé quelque disgrace, j’ai rendu à la république nombre de grands services, que je l’ai secourue & de ma fortune & de ma personne, traitez-moi, je vous conjure, comme il est juste de traiter ceux qui vous ont fait du bien sans vous avoir jamais fait aucun mal.

Une forte preuve, sans contredit, de mon innocence, c’est que si les accusateurs pouvoient me convaincre de quelque délit personnel, ils ne s’arrêteroient pas à me reprocher les excès des Trente, ils ne chercheroient pas à me décrier à cause de ces tyrans, mais ils poursuivroient les Trente eux-mêmes. Au lieu de cela, ils s’imaginent que l’indignation que vous avez conçue contre les oppresseurs d’Athenes est un prétexte suffisant pour perdre des particuliers sans reproche. Mais, parceque des citoyens zélés ont rendu à l’état d’importans services, seroit-il juste d’accorder à d’autres des graces et des honneurs ? ou parceque des hommes