Page:Lysias - Oeuvres complètes de Lysias, traduites en françois, trad Auger, 1783.djvu/412

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avec eux, établirent la premiere oligarchie ? plusieurs des Quatre-cents ne sont-ils pas revenus avec les citoyens du Pirée ? Quelques uns de ceux qui avaient chassé les Quatre-cents ne furent-ils pas eux-mêmes du nombre des Trente ? Parmi les citoyens enrôlés pour Eleusis[1], & qui furent assiégés avec ces derniers tyrans, ne s’en trouvoit-il pas qui s’étoient mis en campagne avec vous ? Il est donc évident que c’est moins pour le gouvernement qu’on se dispute que pour des intérêts particuliers. C’est sur ces principes qu’on doit nous examiner ; & la meilleure maniere dont vous puissiez juger d’un citoyen, c’est de considérer comment il s’est conduit sous le regne démocratique, & s’il avoit quelque intérêt à ce qu’il arrivât une révolution.

Pour moi, je pense que tous ceux qui dans la démocratie avoient été diffamés après avoir rendu leurs comptes, qui avoient perdu leurs biens, ou qui étoient tombés dans quelque autre disgrace, devoient faire des vœux pour un autre gouvernement, et se flatter qu’une révolution leur seroit

  1. Les trente tyrans, ayant essuyé plusieurs défaites, avoient quitté la ville d’Athènes, & s’étoient renfermés dans Eleusis, où ils furent assiégés. Parmi les citoyens qu’ils avoient enrôlés pour les suivre, il se trouva quelques transfuges du camp de leurs adversaires.